• Là où la France distribue ses Césars, l Allemagne s est décidée pour des LOLA. La cérémonie avait lieu la semaine dernière à Berlin, restransmission à la TV, robes de soirée et personnalités mondaines (acteurs mais aussi politiciens), la mise en scène est à hauteur de l événement. Le film que tout le monde attendait, le candidat le plus internationalisable, était évidemment "Das Parfüm". S il s en tire bien en nombre de récompenses, il ne raffle finalement que des prix de convenance (technique, son, etc.) La vraie consécration de la soirée, c est "Vier Minuten". Lola d Or, mais aussi meilleure actrice pour Monica Bleibtreu. La maman du beau gosse Moritz (Lola Rennt), qui fetait ce soir la son anniversaire, a d ailleurs marqué la soirée en dédiant dans un discours émouvant son prix à son fils, qui lui aurait tout appris, en particulier le sens de l humour. Et même la jeune actrice Hannah Herzsprung qui accompagne à l affiche recoit un prix, celui du meilleur second rôle, même si pour un autre film. Alors, ce film allemand pourra t il continuer à amplifier le renouveau du cinéma allemand à l étranger et prendre la suite de La Vie des Autres? Peut être pas, tant l hérrédité est dure à porter après la carrière jusqu aux Oscars du carton 2006. Avec un sujet dramatique, une prisonnière ancienne prodige qui retrouve goût pour le piano grâce à une professeur résidente dans la prison, on est avec "Vier Minuten" dans la performance d actrices, le choc des générations, la passion. Là où un scénario béton traverse facilement les frontières, les étrangers risquent de moins percuter sur l interprétation. D autant que le film souffre de symptômes allemands: Madame le professeur, ayant plus de 60 ans, a évidemment à se replonger dans le passé nazi. L ambiance et la couleur du film sont éxagérément noircis, forcant le trait sombre du style germanique. Et la fin certainement trop américanisée par une envolée lyrique. L Allemagne serait elle encore dans le dilemme entre cinéma d auteur européen et grands productions hollywoodiennes? En tous cas on préfère ses tentatives sans concession ("Gegen Die Wand") où quand elle s impose par le scénario. Cela ne retire rien à Hannah Herzsprung qui débute là en beauté.

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  • Leslie Feist, petit bout de canadienne au talent immense, est venue à Berlin pour rejoindre une bande de potes dont on ne dira jamais assez de bien. Peaches, Gonzales on connu ici la voie du succès avec Kitty Yo, label phare des années 2000. Depuis, Mocky, Jamie Lidell, Soffy O ont marché sur leurs traces avec des albums personnels et libres systématiquement rentrés dans les chouchoux de l année. (à lire le très documenté article du taz: http://www.taz.de/dx/2007/04/21/a0032.1/text.ges,1) C est pourtant après son départ de Berlin vers 2005, et ses années à accompagner sur scène en combinaison futuriste le hip hop vaudeville de Gonzalez que Feist connaitra le succès avec "Let it Die". Succès inattendu, car rarement album aussi intime aura eu un public aussi large, depuis les bandes sons de galeries marchandes jusqu aux fachionistas des capitales européennes. Hier soir, Feist revenait sur ses pas pour fêter la sortie de "The Reminder", nouvel album plus étoffé dans la production, un peu dans les traces du "The Greatest" de Cat Power dans cette recherche d une élégance soule blanche. Elle monte sur scène avec 5 musiciens affutés, qui viennent habiller ses nouvelles compos d arrangements millimetrés. Palme spéciale au guitariste grande gigue qui porte ses jeans taille haute mais marque par un son de memphis 60s qu on croyait réservé aux vieux roublards noirs. La balance est parfaite, l ambiance du Schiller Theater (bondé), théâtre fantôme de Berlin Ouest, idéale pour cette voix qui aime se perdre dans les échos et les aigus. Beaucoup de chansons du nouvel album "My Moon My Man", "1234", "I feel it all", et le décidément marquant "Limit to Your Love"; et juste une excursion vers "let It Die" pour revisiter le morceau éponyme en version rock western, de quoi laisser entrevoir le côté punk de la diva canadienne. Une petite boule de rage sous une voix de miel. Lors d un premier rappel on reconnait Jamie Lidell qui s est glissé dans les choeurs depuis les coulisses, mais Feist ne l appercoit que trop tard. C est finalement Mocky, producteur de l album, qui la rejoindra depuis la salle pour un duo final. Un grand moment avec cette grande famille. Ses nouveaux clips sont à déguster sans modération sur Youtube:


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  • Continuons la série des berlinois d adoption par Jeffrey Eugenides. Romancier américain de talent, il est attendu au tournant après "Virgin Suicides", son roman adapté au cinéma par Sofia Coppola avec Kirsten Dunst. Middlesex arrive en 2003 et est salué par la critique. Il souffrira peut être juste un peu de la sortie simultanée des Corrections de J Franzen, qui lui ravira la place de grand roman de ce début de siècle. Si Middlesex se situe en grande partie à Berlin, ce n est pas un hasard. Son auteur s y est installé au début du nouveau millénaire et y a écrit une bonne partie du roman. Voyons ce qu il en pense : "Eugenides: As a person with a family, it's a much easier place to live than New York, which is why we stay: because we have a daughter. There are lots of parks there...it's just an easier town. It's cheaper; we have a bigger house, which makes it easier for my wife and I to have work studios in the house. Things like that. I think it's always good to be outside of your country if you want to see it more clearly, and I've enjoyed that, but mostly it's just been a good place to work while I was finishing Middlesex. " Bon d accord, mais pourquoi Berlin? Voyons une autre interview traduite en francais : "En fait, j'ai reçu une bourse du gouvernement Allemand, mais je ne veux pas passer le restant de ma vie là bas : j'y suis resté quatre ans, et quand la bourse est arrivée, je suis allé à Berlin." Ah, d accord. Bon, en fait, il est venu pour le pognon. Remarque c est aussi une raison qui a du sens... Ca ne nous empêchera pas de continuer à le lire. Il dira quand même: "Berlin hat mich gerettet", l a sauvé de quoi? De la pression des éditeurs new yorkais.

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  • La question revient souvent : pourquoi Berlin? C est en défendant l indéfendable que l 'idée d une nouvelle rubrique pour le blog a mûri. Cette rubrique ira chercher les personnalités qui ont, à un moment dans leur vie, embrassé la ville. Et qui, pour les plus marquants, l ont en retour marqué à jamais. Du coup pas de meilleur nom que BERLINER. Avant Bowie et sa clique, Hemingway, Eugenides et d autres commencons sans raison par Hedi Slimane. Sans raison, pas tout à fait. Si on reprend les thèmes chéris sur diebertranden, entre rock, culture, design et mode, personne n incarne mieux la génération que l égérie Slimane. Son ombre, on la retrouve partout, des premiers concerts d Arcade Fire à l Elysée Montmartre aux projets de régime de Lagerfeld. Slimane aurait à lui seul posé la capitale allemande sur la carte de la mode. Le Berlin de Slimane, c est celui de 2001-2002. Il est immrotalisé dans un recueil de photos qui retrace la collaboration avec la KunstWerke, dans son quartier de résidence de la Auguststrasse, et s intitule sobrement BERLIN (et visible sur son site hedislimane.com). Et si depuis il lui a préféré Londres, on retrouve son coup de foudre pour Berlin dans un interview de 2002 au magazine Index. Extraits: KLAUS: In Paris you're surrounded by so many people, and you drive around with a crew. But in Berlin I see you dragging your stuff to the neighborhood laundromat in plastic bags. How do you survive that jump? I mean, what is it that you like about Berlin? HEDI: Berlin is an open space for me — I don't feel like I need to make any effort when I am here. I take the overnight train from Paris, and I arrive really early in the morning, when the city is only slightly awake and silent. The train going from west to east creates a sort of urban intimacy. It's a very pleasant, slow journey. KLAUS: Not needing to make an effort doesn't necessarily sound like a good thing. What do you really appreciate about the city? HEDI: Well, I don't know many people in Berlin. In addition, I don't speak German. So my rapport with the city is quite easy and immediate, without any particular expectations. It's almost as if I were autistic. KLAUS: So you go there to escape — Berlin is your countryside. HEDI: Yes, my friend Jean Jacques Picart always jokes that the Kunst-Werke is my country house! When I arrive here, I feel like my time is really my own. KLAUS: You actually prefer the city to the beach or the mountains? HEDI: When people say they've found an incredible, empty beach with no one around, I understand why they're excited. But to me, the idea of a holiday by myself on a beach — I'd have a nervous breakdown! I need to have lots of things around to observe. I don't necessarily need to interact with people — in fact, I usually don't — but I need to see people interacting. KLAUS: Do you like Berlin because it's a young, wild, improvised, vacant space? HEDI: It offers a totally different perspective from Paris. Berlin is constantly being reinvented. It draws a very individualistic crowd. Also, it doesn't seem like anyone there was actually born a Berliner, so that makes me feel at ease. It has a particular mood that the East Village had in the mid and late '80s. Of course, there's a very strong youth culture in Berlin, which is totally nonexistent in Paris. There's a feeling of activism, and yet there's also a side that appears disenchanted. I find all of that attractive.

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  • Allez, pour une fois on quitte la capitale pour aller vers l Ouest. La première pierre de ce qui se veut devenir une des plus belles salles philarmoniques au monde a été posée cette semaine à Hamburg. Ca (va) en jete(r).

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